Cette exposition a été pensée dans un lieu très précis : le jardin Gulbenkian. Conçu par António Viana Barreto et Gonçalo Ribeiro Telles dans les années 60, le jardin encadre actuellement le bâtiment où le rêve de Calouste Gulbenkian prend forme chaque jour.
L’exposition telle qu’elle se propose s’inspire littéralement des rêves de cinéastes et de dramaturges, de poètes et d’écrivains. Leurs rêves ont été mis en musique par le musicien allemand F. M. Einheit puis enregistrés à la Fondation et dans son jardin, grâce à la contribution de nombreux musiciens et du Chœur Gulbenkian tout au long de 2017.
Un intéressant dialogue s’offre ici : le rêve et l’immatérialité d’une exposition et la matérialité très concrète d’une institution comme la Fondation Gulbenkian. L’architecture, l’institution, le jardin, selon les mots du commissaire Mathieu Copeland viennent « renseigner l’exposition et, en retour, l’exposition utilise l’institution ».
Le rêve – en tant que manifestation des désirs et des peurs (dans une lecture freudienne), support des voix de l’inconscient (parfois de voix de l’autre monde), mais aussi outil de création, le rêve comme élément constitutif de mythologies – est le fil conducteur de cette exposition.
Parallèlement, les abstractions géométriques (cf. Almada Negreiros) ou mystiques (les mandalas, des diagrammes symboliques qui jouent un rôle dans de nombreuses traditions religieuses ou même dans l’école jungienne de psychologie) tiennent ici une place importante. Ce projet donne lieu à ce que le commissaire appelle polyphonie, conçue par un « auteur-multiple », explorant les dimensions de l’immatérialité d’une exposition.